Une langue anglaise façonnée par le français
Dans la langue anglaise, environ 30 % des mots sont empruntés au français, soit près de 25 000 termes. Ces emprunts remontent à Guillaume le Conquérant, qui a introduit le français en Angleterre après sa conquête en 1066.
Il est intéressant de rappeler que l’anglais, souvent perçu comme une influence dominante sur notre langue, doit une part importante de son vocabulaire au français. Alors que certains dénoncent l’invasion des anglicismes dans notre quotidien, il est utile de noter que de nombreux termes anglais sont, à l’origine, des mots français.
Des exemples surprenants
Prenons, par exemple, le mot « challenge », qui signifie « défi ». Ce terme dérive de l’ancien français « chalenge« , qui voulait dire « contestation » ou « accusation ». Utiliser un « challenge » revient donc à relever une épreuve, une notion proche de sa racine française.
Autre exemple avec « crush », utilisé pour désigner une attirance soudaine. Ce mot découle du vieux français « croissir« , qui signifiait « écraser ». L’idée d’un « crush » renvoie à ce sentiment écrasant d’émotion ou d’amour.
Le mot « budget » en anglais a aussi des origines françaises. Il vient de « bougette », qui désignait une petite bourse en cuir dans laquelle on gardait son argent. Aujourd’hui, un « budget » fait référence à la gestion des finances, un lien évident avec sa signification d’origine.
Même les anglicismes liés à la technologie ont souvent des racines françaises. Par exemple, « file » (dossier) provient du vieux français « fil », qui faisait référence à un fil conducteur utilisé pour relier des documents.
Enfin, le terme « manager » vient de « ménager », qui signifiait à l’origine organiser ou administrer une maison. Ce mot a traversé la Manche et s’est adapté au contexte professionnel, tout en conservant son essence.
En somme, loin d’être une menace, les anglicismes sont souvent un retour à leurs racines françaises. Ils témoignent de l’histoire complexe entre nos deux langues et des influences croisées qui les ont façonnées.
Une influence durable du français
De son côté, le français n’a intégré que 2,5 % de mots venus d’Angleterre, soit dix fois moins. Cette asymétrie s’explique par l’influence de Guillaume le Conquérant, qui imposa le français comme langue officielle en Angleterre. La preuve de cet héritage est encore visible aujourd’hui : la devise royale britannique reste en français, « Dieu et mon droit », tout comme certaines formules parlementaires, telles que « Le Roi le Veult » lors de l’adoption d’une loi.
Si les mots « déjà vu », « faux pas » ou « coup de grâce » sont utilisés en anglais avec une prononciation française, des termes comme « fruit », « court » ou « courage » rappellent discrètement leurs origines françaises. Une influence durable et souvent méconnue qui mérite d’être soulignée.
Les anglicismes, en réalité, ne sont pas une invasion, mais plutôt un retour aux sources !
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